Les comparaisons qualitatives dans ce tableau reposent sur l'hypothèse que les installations fonctionnent en tenant raisonnablement compte de la protection de l'environnement pour ce qui est du fonctionnement de routine et de la gestion des déchets. Les effets pourraient être (et sont souvent) bien pires si cela n'était pas vérifié. Les indications du tableau sur les changements de climat se rapportent seulement à des risques croissants résultant de l'adoption d'une stratégie en particulier. Les stratégies, nucléaires ainsi que celles qui sont renouvelables comporteront des risques, outre ceux déjà subis, en raison du temps nécessaire à la transition vers une stratégie énergétique future. Il semble que notre planète ait la capacité d'absorber les émissions de dioxyde de carbone à un niveau de 3 milliards de tonnes par an, bien que le niveau exact de tolérance et d'absorption soit incertain. Aujourd'hui la totalité des émissions est d'environ 9 milliards de tonnes, dont les deux tiers proviennent des combustibles fossiles. Le reste résulte de la consommation de la biomasse. Mises à part les émissions de dioxyde de carbone (gaz carbonique), l'exploitation minière du combustible fossile et la déficience des technologies à contrôler les émissions gazeuses autres que celles du gaz carbonique dans l'air et l'eau contribuent à la dégradation de l'environnement, avec des effets souvent très importants à l'échelle locale et régionale. De plus, la façon dont les combustibles fossiles sont utilisés à l'heure actuelle comporte des risques de changement de climat qui peuvent être catastrophiques et irréversibles. Parmi les combustibles fossiles, le gaz naturel donne le plus d'énergie par unité de carbone émis. Cependant, le gaz naturel, à lui seul, ne peut pas répondre aux besoins énergétiques mondiaux avec les technologies actuellement utilisées, surtout si l'on tient compte que les besoins en énergie de la majorité de la population mondiale ne sont pas satisfaits. De plus, les fuites de gaz naturel (le méthane) des oléoducs contribuent plus à l'effet de serre (bien que les raisons n'en soient pas bien connues) que le gaz carbonique, molécule pour molécule. Dans les conditions actuelles de fonctionnement de routine, les rejets du nucléaire présentent des dangers minimes comparés aux rejets de la production d'énergie à partir des combustibles fissiles. Cependant, le nucléaire présente des dangers qui lui sont propres, notamment les risques d'accidents, comme celui de Tchernobyl, avec des conséquences graves et à long terme couvrant de vastes régions. De plus, les problèmes de sécurité posés par les importants stocks de matières utilisables dans les armes nucléaires n'ont pas d'équivalent pour les combustibles fossiles. En clair, ni le nucléaire, ni l'utilisation importante des combustibles fossiles ne peuvent conduire à une politique fiable du point de vue de l'environnement et de la sécurité. Qui plus est, ni les surgénérateurs, ni les énergies renouvelables (les deux sources possibles de production illimitée d'énergie) ne sont rentables en comparaison des prix actuels des combustibles et donc, ne peuvent servir de base pour une source d'énergie mondiale. Quelles sont les options d'avenir pour une source d'énergie sans danger, "soutenable" et écologique ? Si la consommation des combustibles fossiles pouvait être diminuée et la consommation de la biomasse réalisée de façon renouvelable pour que les émissions s'élèvent à moins de 3 milliards de tonnes de carbone par an, alors les combustibles fossiles constitueraient une source d'énergie plus valable que l'énergie nucléaire, mais ils auraient besoin d'être accompagnés d'autres sources d'énergie. Des systèmes de captage économiques et écologiques du carbone, qui permettraient au gaz carbonique d'être absorbé et mis en réserve ou d'être mis hors circuit sans être relâché dans l'atmosphère sous forme gazeuse, pourraient permettre aux combustibles fossiles de devenir une meilleure source d'énergie. Les combustibles fossiles peuvent être utilisés soit à un niveau réduit comme combustibles de transition vers les énergies renouvelables, soit à un niveau plus élevé si les systèmes de captage du carbone s'avèrent rentables. Ainsi, le gaz naturel pourrait servir de combustible de transition vers l'hydrogène dérivé de l'énergie solaire puisque l'infrastructure pour l'utilisation de ces deux combustibles gazeux serait similaire. Des sources d'énergie renouvelables, comme par exemple l'énergie solaire, les combustibles obtenus par la biomasse (produits et utilisés d'une façon renouvelable) et l'énergie éolienne peuvent être complémentaires du gaz naturel. Les énergies éolienne et solaire sont rentables sous certaines conditions (notamment dans des régions à grand vent et dans des régions ayant peu de précipitations et beaucoup de soleil). L'essentiel de ces technologies pourrait se prolonger dans un avenir illimité dans les conditions économiques actuelles avec une réduction du coût de ces technologies, ou une augmentation des prix de l'uranium, du charbon et du pétrole. L'utilisation modérée du combustible fossile (accompagnée de mécanismes pour empêcher les rejets de gaz carbonique dans l'atmosphère) et de sources d'énergies renouvelables, accompagnées de mesures pour un meilleur rendement, sont les meilleures solutions pour la production d'une énergie future rentable et "soutenable".
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Nucléaire avec réacteurs | Nucléaire cycle ouvert avec uranium | Combustibles fossiles, utilisation actuelle | Utilisation limitée des combustibles fossiles et énergies renouvelables | ||
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ressources connues, conditions économiques actuelles* | futur illimité | 50 à 100 ans, peut-être même plus | quelques centaines d'années | futur illimité | |
ressources connues, y sont comprises des ressources de basse qualité | pas nécéssaire | futur illimité | milliers d'années | pas nécéssaire | |
risques de changement du climat | aucun** | aucun | possibilité de catastrophe | aucun si les combustibles fossiles sont abandonnés progressivement | |
conséquences possibles d'accidents catastrophiques | sévère: effets de longue durée couvrant de larges régions | sévère: effets de longue durée couvrant de larges régions | sans conséquences pour de larges régions mais peuvent êtres sérieuses localement; les effets sont en général de courte durée | sans conséquences pour de larges régions mais peuvent êtres sérieuses localement; les effets sont en général de courte durée | |
pollution atmosphérique
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relativement minime | relativement minime | de sérieux à modéré, suivant les techniques de contrôle | de sérieux à modéré, suivant les techniques de contrôle | |
pollution de l'eau, fonctionnement de routine | effets sérieux possibles aux mines, mais limités du fait des besoins faibles en uranium; effets sérieux possibles aux sites de stockage des déchets | effets souvent sérieux aux mines, et aux usines où l'uranium est transformé (les polluants radioactifs aussi bien que non radioactifs sont inclus); effets sérieux possibles aux sites de stokage des déchets | effets souvent sérieux aux mines de charbon; sérieux à certaines nappes de pétrole (les polluants radioactifs aussi bien que non radioactifs sont inclus, notamment le radium-226 près de beaucoup de puits de pétrole) | effets possibles très ninimes | |
risques de prolifération | oui | oui, mais moins qu'avec un système de surgénérateurs | aucuns | aucuns | |
*Voir le texte
**Des questions ont été posées concernant les effets du krypton-85, résultant du retraitement nécéssaire pour un système de surgénérateurs, sur la formation des nuages et donc sur la possibilité de changement de climat. Néanmoins le krypton-85 peut être éliminé des émissions gazeuses par refroidissement cryogène. |
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Takoma Park, Maryland, USA
August, 1997