Principaux résultats
- La production d’électricité éolienne
dans des sites favorables et par de grandes fermes éoliennes
est maintenant rentable. Une utilisation beaucoup plus importante
de l’électricité éolienne n’entraînerait
pas une augmentation de la facture des consommateurs, même sans
l’octroi d’un crédit d’impôt prenant
en compte la réduction de la consommation d’eau et des
émissions de gaz à effet de serre.
- Les ressources éoliennes des Etats-Unis sont énormes
et peuvent s’adapter à une croissance beaucoup plus rapide
de l’électricité éolienne. Les Etats-Unis
disposent du potentiel physique nécessaire pour assurer une
percée économique importante de la production éolienne.
Le potentiel éolien de l’ensemble des douze États
les plus ventés de la partie continentale des Etats-Unis équivaut
à environ deux fois et demie la production électrique
totale de ce pays en 2003.
- Un mandat politique est indispensable pour arriver à
une forte intégration de l’énergie éolienne
dans des délais raisonnables. Trois régions
d’Europe sont déjà parvenues à un taux
de pénétration de 27 pour cent de l’énergie
éolienne. C’est en partie parce qu’il existe un
fort consensus politique et d’orientation en Europe, y compris
de la part de l’industrie, sur le fait que la réduction
des émissions de gaz à effet de serre et l’accroissement
de l’utilisation des énergies renouvelables sont essentiels.
Aujourd’hui, certains États jouent un rôle moteur
dans le domaine des énergies renouvelables et dans celui de
la réduction des émissions de gaz à effet de
serre des États-Unis, mais, en l’absence d’un mandat
économique et politique, du type du Renewable Portfolio Standard
(imposition d’un taux minimum d’énergie issue des
renouvelables), le développement de l’éolien dans
ce pays restera bien en deça de son potentiel.
- L’infrastructure institutionnelle et de transmission
est inadaptée au développement de l’éolien
à une grande échelle. Le développement
de l’énergie éolienne aux Etats-Unis est très
loin de son niveau en Europe, principalement parce que l’infrastructure
de transport et le consensus économique et politique en faveur
de son développement est beaucoup plus fort en Europe qu’aux
Etats-Unis.
- Les prix de l’éolien dans des Accords d’achat
d’électricité (PPA) classiques s’avèrent
beaucoup plus faibles que celui qui serait rapporté par la
même électricité si elle était vendue au
consommateur final. Le prix moyen de l’électricité
éolienne se situe dans une fourchette située entre 25
et 30 $ par mégawatt-heure (MWh) dans beaucoup d’Accords
d’achat. Toutefois, le prix à payer par le consommateur
final, sans augmentation de sa facture d'électricité,
pourrait bien être beaucoup plus élevé. En d’autres
termes, le prix final implicite de l’éolien (après
prise en compte des frais de transport et de distribution et des coûts
d’intégration au réseau) est bien plus élevé
que celui perçu par les promoteurs éoliens. Cet écart
entre prix final et revenus des promoteurs éoliens renforce
la nécessité de pratiquer des crédits d’impôt.
Si les promoteurs éoliens pouvaient réellement recevoir
le prix implicite qui est facturé, le développement
de l’éolien s’en trouverait fortement accéléré.
- Une importante réduction des émissions de
gaz à effet de serre est économiquement réalisable
avec des politiques adaptées et des investissements dans l’éolien
et l’efficacité énergétique. Dans
la mesure où l’éolien n’émet pas
de dioxyde de carbone (CO2), et dans la mesure où
il est aujourd’hui rentable si des conditions et des politiques
adaptées sont mises en place, il en résulte qu’une
importante réduction des émissions de CO2
est possible sans augmentation des coûts de l’électricité.
C’est ce qui se passe actuellement en Europe. Les crédits
pour la réduction des émissions de CO2 ne
jouent qu’un rôle assez modeste aux États-Unis.
- Les crédits d’impôts à la production
au niveau fédéral et de chaque Etat sont essentiels
dans les conditions actuelles. En l’absence d’un
mandat national ou régional identique et d’infrastructures
de transmission ou autres permettant l’intégration de
l’éolien, les crédits d’impôt à
la production au niveau fédéral et/ou étatique
sont essentiels pour poursuivre le développement de l’énergie
éolienne.
- Pour des prix du gaz naturel atteignant ou dépassant
les 5 $ par million de Btu, l’énergie éolienne
peut remplacer de manière rentable la production au gaz naturel
sur la base du coût marginal évité. Le
coût de l’électricité éolienne produite
sur des sites favorables, en prévoyant 3 $ par MWh pour l’intégration
au réseau électrique, se situe dans une fourchette allant
de 38 à environ 45 $ par MWh pour cinq sites que nous avons
étudiés au Nouveau Mexique. Le coût marginal évité
(c’est-à-dire, en excluant les coûts d’investissements
et les autres coûts fixes) est d’environ 38 à 40
$ par MWh pour les centrales à cycle combiné. L’éolien
représente aussi un bénéfice en termes d’économie
d’utilisation de l’eau (quelques dollars par MWh) et pour
se prémunir contre la volatilité des prix du gaz naturel
(également quelques dollars par MWh). L’électricité
éolienne peut assurer de façon encore plus rentable
le remplacement de l’électricité produite par
des centrales à cycle combiné avec post-combustion,
ou par des turbines à gaz à un seul étage en
période de pointe, dans la mesure où les coûts
évités sont respectivement d’environ 50 et 60
$ par MWh dans ces cas.
- L’électricité éolienne devrait
bénéficier d’un certain crédit au niveau
de la capacité et pas seulement pour la production électrique.
Le vent n’est pas complètement imprévisible. Il
peut être estimé, avec une certaine marge d’erreur,
une heure ou un jour à l’avance, ou en fonction des variations
saisonnières. Des analyses statistiques peuvent être
utilisées pour établir un calendrier de la disponibilité
de la capacité éolienne du réseau. La marge d’erreur,
et donc les coûts, peuvent être réduits (a) en
améliorant les prévisions, (b) en intégrant dans
le même réseau diverses sources d’énergie
éolienne séparées par de grandes distances, (c)
par des aménagements des infrastructures de transport et de
l’intégration au réseau électrique. Il
est possible d’obtenir un crédit de capacité plus
élevé pour un niveau de coût et de fiabilité
donné, par la programmation d’une nouvelle capacité
éolienne visant à réduire l’utilisation
du gaz naturel pour la production électrique.
- Les conditions économiques de l’éolien
seraient améliorées si les promoteurs obtenaient un
crédit de capacité raisonnable. Dans les exemples
que nous avons étudiés, les crédits de capacité
pour l’éolien pourraient s’élever à
2 ou 3 $ par MWh, ce qui représente une proportion significative
de l’écart séparant le prix dans un accord d’achat
et le coût de l’éolien (différence actuellement
comblée par les crédits d’impôts).
- L’électricité éolienne peut être
utilisée (indirectement) pour libérer une quantité
de gaz naturel pour les véhicules. Des pompes à
chaleur « sol », des systèmes combinés à
chaleur et électricité et l’énergie éolienne
peuvent se conjuguer pour remplacer le gaz naturel pour l’eau
chaude sanitaire et le chauffage des bâtiments. Ce gaz naturel
peut alors être utilisé sous forme compressée
dans des véhicules pour remplacer l’essence et réduire
les importations de pétrole. Cette formule entraînerait
d’importantes réductions des émissions de CO2
pour les bâtiments comme pour les automobiles, et diminuerait
la pollution de l’air en ville.
- L’intégration de piles à combustible
dans le mix des énergies renouvelables suppose des améliorations
de l’efficacité de la production d’hydrogène
et des piles à combustible, ainsi qu’une réduction
du coût de ces dernières. L’intégration
de la production d’hydrogène et de piles à combustible
dans le système électrique, dans le cadre d’une
stratégie de développement des énergies renouvelables,
peut permettre d’augmenter le crédit de capacité
pour l’éolien. Elle n’est toutefois pas rentable
actuellement du fait du prix élevé des piles à
combustible et de la faible efficacité globale de la conversion
de l’électricité éolienne en hydrogène
et en électricité dans les piles à combustible.
Recommandations
- L’Association des Gouverneurs de l’Ouest (WGA)
devrait formellement adopter un objectif de 20 % d’énergies
renouvelables dans l’approvisionnement électrique de
la région. Étant donné que l’éolien
est à la fois abondant et, dans des situations adaptées,
rentable, la décision de produire 20 pour cent de l’électricité
de la région à partir des renouvelables, en mettant
l’accent sur la pénétration de l’énergie
éolienne, est extrêmement souhaitable pour les raisons
évoquées dans les conclusions de l’étude.
Chaque État devrait, bien sûr, définir ses propres
règles pour mettre en œuvre et parvenir à un bouquet
d’énergies renouvelables (Renewable Portfolio Standard)
de 20 pour cent. La WGA devrait pousser l’Association nationale
des gouverneurs et le gouvernement fédéral à
adopter le même bouquet d’énergies renouvelables.
- Le développement de l’éolien devrait
être intégré à une programmation de la
réduction de la volatilité des prix du gaz naturel.
Puisque les coûts de l’électricité éolienne
dans des sites favorables sont souvent inférieurs aux coûts
évités pour le gaz naturel aux prix actuels, les autorités
de régulation et les opérateurs de réseau indépendants
devraient étudier les bénéfices de l’utilisation
de l’électricité éolienne pour remplacer
l’utilisation des turbines à un seul étage utilisées
en période de pointe, tout en conservant certaines de ces unités
en réserve dans le cadre d’une approche globale pour
assurer une pénétration importante de l’énergie
éolienne à des coûts modestes. Le cadre réglementaire
d’une telle intégration reste à créer.
- La WGA devrait étudier une intégration de
l’éolien à grande échelle dans toute la
région. Un comité devrait être mis en
place pour envisager les impératifs techniques et économiques
d’un développement éolien à grande échelle
dans la région du réseau Western Interconnect. Cette
étude porterait sur la diversité de l’approvisionnement
et de la demande, le coût et le financement des lignes de transport
régionales, l’amélioration des capacités
de prévision météorologique existantes, les avantages
économiques en termes d’économie d’eau,
de création de mécanismes de financement pour l’infrastructure,
d’intégration du développement éolien avec
la réduction de l’utilisation du gaz naturel, et de politiques
qui amèneraient à une internalisation des coûts
pour les émissions de CO2 et l’utilisation
d’eau.
- De nouvelles règles sont nécessaires pour
assurer un accès équitable aux consommateurs finaux.
Dans les États où l’électricité
est réglementée, les règles permettant aux compagnies
électriques de couvrir des coûts raisonnables (y compris
le retour sur investissement) peuvent être créées
dans le cadre de la mise en œuvre d’un Bouquet d’énergies
renouvelables. Nous estimons que si l’éolien est développé
dans des sites adaptés, ceci ne devrait pas affecter de façon
significative le coût final de l’électricité
pour les consommateurs.
- Une internalisation harmonisée des coûts de
l’eau et des émissions de gaz à effet de serre
devrait être entreprise dans l’ensemble des régions.
Une démarche d’internalisation des coûts des émissions
de CO2 et de l’utilisation d’eau par les centrales
thermiques permettrait une accélération considérable
du développement de l’éolien. Le prix de l’électricité
éolienne dans un Contrat d’achat typique pourrait, de
ce fait, être augmenté d’environ 5 $ par MWh
- Le Nouveau Mexique devrait lancer un projet de démonstration
combinant éolien, piles à combustible, photovoltaïque,
efficacité énergétique et utilisation du gaz
naturel compressé dans les véhicules à moteur.
La combinaison de ces mesures offre de grandes possibilités
de bénéfices tant au niveau de l’environnement
que de la sécurité, mais n’est pas rentable aujourd’hui.
Un projet de démonstration, prévoyant l’examen
minutieux des avantages et des coûts, serait extrêmement
précieux pour l’évaluation des perspectives et
des difficultés sur le chemin d’un avenir énergétique
basé sur les renouvelables dans lequel l’hydrogène,
le gaz naturel et les renouvelables sont les principales sources d’énergie,
alors que l’utilisation du pétrole est considérablement
réduite. Bien que nous n’ayons pas étudié
cette question, il peut s’avérer souhaitable d’intégrer
une part d’utilisation directe d’électricité
photovoltaïque dans un tel projet de démonstration, pour
évaluer la réduction des pointes de charge sur le réseau
et une augmentation du crédit de capacité pour l’éolien.
Le Nouveau Mexique est bien placé pour jouer un rôle
moteur dans un tel projet au sein de la WGA et aussi de l’ensemble
du pays, dans la mesure où il dispose d’excellents moyens
scientifiques et techniques à travers des laboratoires nationaux
et la NASA (à White Sands). Le gouvernement de son État
s’est par ailleurs résolument engagé dans une
politique de soutien aux renouvelables et a déjà mis
en place une bonne partie de l’infrastructure légale
requise.
La totalité du rapport et la présentation, Cash
Crop on the Wind Farm (Les moissons des fermes éoliennes),
sont en ligne sur http://www.ieer.org/reports/wind/cashcrop/
Les fonds qui ont permis la recherche et la production du rapport
Cash Crop on the Wind Farm ont été généreusement
fournis par la Livingry Foundation, la New Cycle Foundation, l’Energy
Foundation et la McCune Charitable Foundation.
Voir aussi :
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